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PONYO SUR LA FALAISE, Hayao Miyazaki 2008 (animation japon)@@

Alors qu'il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s'occuper d'elle. Cependant, le père de Ponyo, Fujimoto, un sorcier autrefois humain qui vit au fond de la mer, la force à revenir avec lui dans les profondeurs. Bien décidée à devenir humaine, Ponyo s'échappe pour retrouver Sosuke.

TELERAMA
Ponyo, intrépide petite fille poisson, rêve de devenir humaine. Quand le maître de l’animation japonaise revisite “La Petite Sirène”. À voir à tout prix, à partir de 6 ans.

Oubliez les pin-up aquatiques et leurs queues de poisson sexy. Quand Miyazaki réinvente la Petite Sirène, elle n'a plus rien de commun avec les Miss Flots-bleus de chez Disney. Pêcheur de trésors, le maître de l'animation japonaise a ramené dans ses filets un minuscule alevin rouquin aux rondeurs naïves, aux grands yeux curieux. L'aînée d'un fretin de petites soeurs identiques, qui rêve de devenir humaine. En lieu et place d'un prince naufragé, l'enfant-poisson rencontre sur le rivage un garçonnet de 5 ans nommé Sosuke, qui la baptise illico « Ponyo »...


Début d'une ample légende à l'eau salée, d'un dessin animé à la hauteur des grandes espérances que suscite toute nouvelle oeuvre de Hayao Miyazaki. Après Le Château ambulant, en 2005, génial charivari de créatures magiques et de machines délirantes, le créateur du mythique Studio Ghibli continue de surprendre et d'éblouir. Son univers ressemble à l'océan qu'il magnifie, homogène en surface, mais infiniment fertile et mystérieux en profondeur. Il replonge au coeur de ses thèmes favoris : le bouleversement écologique, le rapport des hommes à la nature.

Un rapport viscéral, qui s'incarne dans les stupéfiantes métamorphoses de Ponyo. Allégorie extravagante de l'évolution darwinienne, la petite créature se dote de pattes, elle change et se déforme jusqu'à devenir une vraie fillette. Sa transformation dérange l'écosystème : elle entraîne un véritable tsunami, un déferlement de vagues énormes à l'assaut de la falaise et du village. Au cours d'une scène splendide, la plus belle du film, cette houle poursuit les personnages sur une petite route littorale. Meute de monstres mouvants, l'écume acquiert une densité organique, une vie propre.

C'est ce foisonnement du vivant qui intéresse Miyazaki, encore et encore : de l'étrange ballet de méduses translucides qui ouvre le film jusqu'à la promenade sinueuse d'un banc de poissons dans le village immergé, l'océan est « habité », comme l'étaient les forêts de Princesse Mononoké ou de Mon voisin Totoro. Chaque goutte d'eau, chaque brin de plancton recèle une présence, vibre de magie.

La grâce limpide du trait
La mer elle-même a une âme, immense déesse terrible et bienveillante, génitrice de Ponyo et de ses soeurs. L'influence du shintoïsme, mélange d'animisme et de polythéisme, irradie tous les contes du cinéaste. Qui est Ponyo ? Un petit « kami » (dieu) de la mer ? Une gamine en continuelle transformation ? L'instabilité biologique de l'héroïne est l'idée la plus poétique du film : perpétuelle mutation du corps et de l'esprit d'un enfant. Chez Miyazaki, les plus jeunes entretiennent un lien privilégié, direct, avec le merveilleux.

Mais ici, au son de la musique cristalline du compositeur Joe Hisaishi, éternel complice du réalisateur, les générations se mêlent. De gaillardes grands-mères aux faces de pommes fripées ont aussi leur part d'étrangeté. Réalisme et surnaturel se fondent sans heurt. Chaque vaguelette, chaque nuance de bleu doux, de vert miroitant, a été tracée ou peinte à la main.

Pas de 3D, juste la grâce limpide du trait, les perspectives vertigineuses de la mer et des falaises qui la surplombent. Chez Miyazaki, le rapport entre les humains et les forces de la nature prend souvent des dimensions de conflit cosmique : guerre ouverte (Princesse Mononoké), pollution (Nausicaä de la vallée du vent), progrès destructeur (Le Château dans le ciel). Ici, par la grâce d'une rencontre entre deux petits rêveurs, il s'ouvre au contraire sur la plus belle, la plus apaisante des réconciliations.